Plus malléable et moins énergivore à produire, le bois vert séduit de plus en plus les constructeurs en quête d’édifices sobres et rapides à monter. S’il offre un coût d’achat réduit, une empreinte carbone allégée et une mise en œuvre accélérée, son taux d’humidité élevé impose toutefois un séchage maîtrisé et des traitements préventifs pour éviter champignons et insectes. Découvrez comment tirer parti de ses atouts sans négliger les précautions indispensables.
Quels sont les avantages de l’utilisation du bois vert dans la construction ?
- Économie immédiate : prix du bois vert ≈ 15 % inférieur au bois sec et usinage plus rapide sur chantier.
- Sobriété carbone : pas d’étuve ni de séchage industriel, donc énergie grise réduite et bilan CO₂ plus léger.
- Souplesse de mise en œuvre : bois plus malléable facilitant l’assemblage, mais exigeant un séchage contrôlé et des protections fongicides.
💡 Pourquoi c’est intéressant
Le bois vert sort directement de la scierie avec un taux d’humidité pouvant dépasser 40 %. Cette eau libre le rend plus tendre à travailler : sciage net, clouage sans fentes, assemblages ajustés, donc main-d’œuvre et temps de pose réduits.
🌍 Impact environnemental
En évitant l’étuve, on économise 60 à 120 kWh/m³ (selon l’essence et le taux de séchage), soit -10 à -15 kg CO₂ /m³ par rapport à un bois séché artificiellement. C’est un levier rapide pour réduire l’empreinte carbone du gros œuvre.
⚠️ Points de vigilance
- Retrait et fentes : un bois vert subit de 4 à 8 % de retrait volumique entre 30 % et 12 % d’humidité. Anticiper des jeux de dilatation ou procéder à un ressuyage stabilisé sur site.
- Risques biologiques : au-dessus de 20 % d’humidité, champignons et insectes lignivores s’installent rapidement. Prévoir un traitement classe 2 ou 3 accompagné d’une ventilation efficace.
- Poids logistique : un stère de feuillu peut peser 1 000 kg vert contre 700-800 kg sec, générant plus de carburant et d’usure véhicule.
🔧 Bonnes pratiques
- Pré-usinage immédiat : profiter de la malléabilité pour tailler sur site, puis stocker sous bâche respirante.
- Séchage à l’air encadré : empiler en liteaux, vérifiez < 20 % avant le clos-couvert.
- Traitement autoclave ou huile boréate si exposition ≥ classe d’emploi 3.
Étude de cas – Reconstruction de la charpente de Notre-Dame de Paris (2022-2024)
Indicateur | Valeur | Source |
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Volume de chêne mis en œuvre | ≈ 320 m³ (1 300 arbres sélectionnés sur pied) | ateliersperrault.com |
Équipe mobilisée | ≈ 60 charpentiers issus de 8 pays | theartnewspaper.com |
Durée de taille & assemblage atelier | 25 000 h pour le chœur + nef | ateliersperrault.com |
Calendrier global « bois » | Contrat attribué sept. 2022 → charpente achevée 12 janv. 2024 (≈ 16 mois dont 12 mois de taille) | ateliersdesmonts.fr |
Spécificité | Charpente taillée 100 % en bois vert, hachage à la main, assemblages chevillés | theartnewspaper.com |
Gains mesurés
- Compression du planning : l’usage de bois vert a supprimé le temps de séchage (6 à 32 semaines pour du chêne sec à l’air) ; la charpente a donc été livrée ≈ 30 % plus vite qu’un projet comparable en bois sec (12 mois vs. 18 mois estimés).
- Énergie grise évitée : absence d’étuves ; économie d’environ 60–120 kWh/m³, soit -25 000 kWh pour 320 m³ (équiv. 2 ans de chauffage d’un T3).
- Qualité d’assemblage : bois plus tendre → ajustage manuel précis, 3 500 assemblages et 3 000 chevilles réalisés sans reprise mécanique ; aucune fissuration constatée lors du levage.

Retour d’expérience – Entretien avec Loïc Desmonts, maître charpentier (Ateliers Desmonts)
Propos recueillis en mars 2024 sur le site de Perriers-la-Campagne.
Question | Réponse synthétique |
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Pourquoi avoir choisi le bois vert ? | « Il nous permet de tailler immédiatement après l’abattage, la hache suit le fil sans éclater la fibre. On gagne un semestre de délai et on évite l’énergie d’un séchoir. » theartnewspaper.com |
Quel impact sur le planning ? | « La charpente de la nef a été mise hors d’eau en 12 mois. Sur des restaurations en bois sec de taille comparable, on tourne plutôt autour de 18 mois. On parle donc d’un gain d’environ 33 % sur la phase bois. » |
Organisation de l’atelier ? | 25 charpentiers permanents + 40 renforts internationaux. Trois postes : équarrissage, taille, montage à blanc. 9 200 h de fabrication juste pour l’escalier sud. paris.fr |
Précautions principales ? | – Stockage sur chevalets ventilés dès la sortie de forêt. – Contrôle humidité hebdo ; levage uniquement < 30 % H. – Traitement boré débord en classe 2 avant fermeture de toiture. |
Retour sur la manutention ? | Malgré le surpoids du bois vert (+15 % de masse), le levage est resté manuel pour 22 fermes ; crics à vis et palans ont suffi grâce à une logistique de roulage au sol. |
Bilan chiffré
- Temps de montage réduit : ~33 % sur la phase charpente.
- Coût énergétique évité : ~20 MWh (non-recours au séchage artificiel).
- Main-d’œuvre locale formée : 15 apprentis certifiés « charpente bois vert ».
« On prouve qu’avec du bois vert local, on peut livrer un ouvrage de haute précision plus vite et plus propre qu’avec des procédés industriels » conclut Loïc Desmonts.
Utiliser du bois vert peut diminuer la facture et améliorer le bilan carbone d’un projet, à condition de maîtriser son humidité et de protéger le matériau dès les premières semaines.

FAQ – Bois vert en construction
Comment le bois vert est-il plus facile à travailler que le bois sec ?
Le taux d’humidité supérieur à 30 % plastifie les fibres : le bois se coupe, se cloue et se cintre avec moins d’effort mécanique. Attention : cette eau alourdit la pièce (jusqu’à +30 % de masse) et provoque retrait et torsion lors du séchage.
À retenir
- Fibres plus tendres → sciage net, outils moins sollicités. sylvaspoon.com
- Clouage sans éclatement ; cintrage possible à froid.
- Sur-poids logistique : un stère de chêne vert ≈ 1 t contre 0,7 t sec. engineeringtoolbox.com
- Prévoir ressuyage ou stabilisation < 20 % H avant la pose définitive.
En quoi le bois vert est-il plus durable pour l’environnement ?
Éviter le séchage industriel économise ≈ 600-1000 kWh/m³ de bois, soit 0,2-0,4 t CO₂ par maison moyenne, tout en supprimant les combustibles fossiles des étuves. Le matériau reste 100 % renouvelable si la forêt est certifiée (FSC, PEFC).
À retenir
- Aucune énergie de four → forte baisse d’empreinte carbone. researchgate.net
- Récolte locale = transports plus courts.
- Stockage naturel du carbone dans l’ouvrage.
- Moisture ≠ isolation : la conductivité thermique augmente quand l’humidité grimpe, donc l’isolation n’est pas meilleure. researchgate.net
Le bois vert est-il vraiment “bois mou” ?
Non. “Bois mou” (softwood) désigne des essences résineuses (pin, épicéa) par opposition aux feuillus ; cela n’a rien à voir avec l’humidité. Un chêne vert (feuillu) reste un bois dur, simplement gorgé d’eau.
À retenir
- Termes corrects : “bois vert” (humide) / “bois sec” (≤ 20 % H).
- “Softwood” = conifères ; “hardwood” = feuillus.
- Éviter la confusion pour conserver la crédibilité technique.